A LA TABLE DES PECHEURS…

 

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus se voyait « assise à la table des pécheurs »

       « Oui, je le sens, quand bien  même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j’irai, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien il chérit l’enfant prodigue qui revient à lui… » 

       Sommes-nous assis à la table des pécheurs ou au tribunal des justes, quand un frère blessé, par la vie, vient nous demander secours ?

Le pécheur ne peut être sauvé que par ses frères. Il a besoin de sentir que malgré ses fautes, il est toujours aimé, estimé et compris. Il doit  savoir qu’il n’est pas seul à découvrir son indigence, mais qu’elle est aussi le sort commun de tous les mortels.

       Pour bien l’accueillir, il faut avoir conscience de sa réelle pauvreté, il faut beaucoup de chaleur au cœur, beaucoup d’affection pour que celui qui vient nous confier ses misères, puisse le faire en  sachant qu’il est compris et aimé par un frère qui, lui aussi, a été pardonné de ses fautes.

Ce doit être  vraiment l’échange affectueux de deux pauvretés. C’est l’amour qui commande tout. C’est l’image du Père qui court au devant de son enfant retrouvé et qui le couvre de baisers, comme nous le rapporte Jésus lui-même. Avons-nous toujours cette impression ?

       Quels que soient nos fautes ou nos malheurs,  nous sommes toujours infiniment aimés de Dieu !

       Chacun de nous a besoin d’être reçu tel qu’il est, sans conditions, quelles que soient ses chutes. Chacun de nous a besoin de se sentir compris, estimé, aimé et non pas jugé…  « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ! » Seul l’amour qui vient de Dieu peut nous guérir !

       Le bon pasteur n’a pas demandé si la  brebis perdue l’était par sa faute ou par malheur. Il a suffi que la brebis soit égarée pour que le pasteur s’émeuve, abandonne son troupeau et parte à sa recherche jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée…Alors, il est  plein de joie de pouvoir enfin la porter sur ses épaules…

       Sommes-nous toujours  comme ce bon pasteur ? N’avons-nous pas tendance à chercher la faute, à tenir compte des torts, à faire des remontrances, à juger ? Que savons-nous de la vie de chacun ?

       Comment un pécheur peut-il ouvrir son cœur à celui qui n’a  conscience ni de sa  pauvreté, ni de ses faiblesses et qui, inconsciemment,   se targue de sa  justice ?

« Je ne suis pas comme le reste des hommes… » dira ce pharisien dans sa prière, face au publicain à genoux qui, lui,  crie humblement sa pauvreté.

        Puissions-nous perdre un jour cette suffisance qui nous fait croire que nous sommes meilleurs que les autres et sans péchés ! Que de pierres, dans nos mains, avons-nous souvent  jeté sur bien  moins coupables que nous !

       Qu’avons-nous fait de cette tendresse de Dieu qui seule pouvait guérir les plaies de tant de nos frères ?

       Pécheurs ? Nous le sommes tous, plus ou moins, comme  Pierre qui a renié son maître, comme Paul qui a persécuté les premiers chrétiens, comme Zachée, le voleur, et comme tous ceux qui ont eu  assez de bonheur  pour se reconnaître appartenir enfin au royaume des pauvres…sachant que par la grâce de Dieu, le royaume est à eux…

       Cette pauvreté reconnue nous ouvre à l’action de grâce, à la joie d’avoir souvent été retrouvés et portés sur les épaules du Christ Jésus, fils de Dieu fait homme, amour infini et miséricordieux, Sauveur et Rédempteur du monde.

       Comme Sainte Thérèse de l’enfant Jésus, restons  « assis à la table des pécheurs » pour accueillir, comme il convient, nos frères dans la peine…

Seul l’amour de Dieu peut guérir les plaies de l’âme et les blessures du  cœur…

                   

Père Maurice Cantor.

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